Novembre a été un mois formidable, je dois l’admettre. Cependant, malgré tous les petits cadeaux que la vie m’a donnés, j’ai aussi dû faire face à un adieu difficile ; la perte de mon cousin, arraché à la vie à seulement 17 ans.
Le début de l’année était déjà difficile d’une manière générale et particulière pour les congolais de l’est. Ceux que la guerre a épargnés se sentent chanceux, mais après, les voir partir, juste comme ça, est un choc terrible. Depuis la dernière semaine de novembre, les nouvelles de décès se succèdent. Je me rappelle qu’au début de l'année, entre janvier-mars, les gens priaient pour que leurs proches meurent de maladie plutôt que d’une balle. J’étais même à un deuil où une dame, pour consoler une autre, a dit : « tant mieux pour toi, il a pu être malade, le mien est mort, tué par une balle, et je n’ai même pas eu la chance de l’enterrer ».
Il est facile de consoler que d’être consolé, peu importe les circonstances du départ, l’adieu est toujours déchirant. Que ce soit d’une maladie ou d’une balle, la perte d’un être cher, reste difficile à vivre. Personnellement, il est très douloureux de voir les gens mourir d’une courte maladie après avoir traversé la tragédie du premier trimestre de cette année. J’ai l’impression que le souffle de vie que j’ai, que mes proches ont, que tout le monde qui a survécu a, est une seconde chance ; et d’une certaine manière, j’ai du mal à croire que la seconde chance en question soit aussi courte.
Pourquoi affronter la souffrance de la maladie après avoir surmonté la peur et le chaos de la guerre ? Sans compter que certaines maladies sont encore pires qu’une balle dans la tête…
Le 22 novembre 2025, j’ai enterré mon cousin, trop jeune, plein d’énergie et de potentiel. Ironie du sort, j’avais, le même jour, rendez-vous avec un ancien collègue qui devait me livrer un produit. Le matin, j’ai prévenu que je ne serai pas à la maison, expliquant que je venais de perdre mon cousin et que je reviendrais vers lui au moment opportun.
Sa seule réponse ? Un emoji “👍🏼” sur le message.
Le 24 novembre, non seulement je n'ai reçu aucun message de condoléances (ce n’est pas grave), mais en plus la personne m’écrit pour me dire : « Tu as commandé, tu n’as pas pris. On donne aux autres ? »
Cette petite phrase m’a dévastée, première réaction dans ma tête : « mais non ! Il s’agit d’un produit que l'on trouve à tous les coins de rue. Si l'on choisit d’acheter à notre entourage, c’est pour l’encourager, pas parce qu’on ne peut pas avoir ce qu’il propose ailleurs. ». Autrement, il ne s’agit pas d’un trésor rare, ça peut attendre.
Une question très importante qui m’est revenue à plusieurs reprises est : « à quel moment les affaires passent-elles avant la personne ? »
Je ne sais pas si c’est de la persévérance ou de la détermination dans les affaires, ça me dépasse, mais s’il vous plait, le monde a, en ces moments, besoin de plus d’humanité et de compassion. Je sais que la vie est dure, que le contexte est complexe, qu’il faut faire marcher les affaires, qu’il faut faire prospérer son entreprenariat, …. Mais s’il vous plaît, ayons un cœur humain et mettons-nous toujours à la place de l'autre avant de poser nos actions.
La personne n’avait peut-être pas de mauvaise intention, pourtant elle a bien remué ma douleur. Mon cousin était mort, c’était fini, la vie devait continuer, certes, mais à ce moment-là, rien n’avait de l’importance que de faire mon deuil. En plus, j’avais promis de lui revenir, pourquoi me mettre la pression ? Suis-je très sensible ? Peut-être, mais dans chaque action, demandez-vous : « Et si c’était moi à la place ? »
Ça commence ce weekend, prenez des bonnes résolutions pour plus d’humanité et de compassion autour de vous.
Portez-vous bien !
Photo crédit : Engin Akyurt