• 25 Jun, 2025

NGILA KIKUNI Ibrahim n’est pas mort : il a perdu la vie !

NGILA KIKUNI Ibrahim n’est pas mort : il a perdu la vie !

On ne peut pas mourir à 36 ans ! On ne peut pas mourir à peine 3 mois après avoir défendu sa thèse ! On ne peut pas mourir et laisser 4 enfants, dont le premier n’a même pas 10 ans ! On ne peut pas mourir alors qu’on vient d’accomplir sa plus grande passion ! On ne peut pas mourir au moment où la communauté a le plus besoin de nous ! On ne devrait pas mourir en tout cas !

On ne devrait pas mourir en tout cas ! Ibrahim ne devrait pas mourir !  
Mais qu’est-ce que nous y pouvions ? Le mystère de la vie et de la mort ne relève pas de la compétence de l’humain. Sinon, tout le monde allait « tout faire » pour échapper à la terrible issue de la vie sur terre : la mort. S’il était question d’argent, de considération ou d’amour, de valeur ou de personnalité, alors nombreux, dont moi-même allions plaider pour qu’Ibrahim reste en vie…pour qu’il ne parte pas si tôt.  
L’annonce de la mort de Ngila Ibrahim aura été la nouvelle la plus fracassante de ce mois de juin 2025. Je ne pouvais pas y croire ! Il était impossible de croire que cela puisse être vrai. Qui pouvait prédire la mort d’Ibrahim ? Personne.  
Cette macabre nouvelle a réveillé en mois des souvenirs tristes de la perte des personnes chères et proches.

Je travaille avec Ibrahim depuis novembre 2022 et je n’ai pas les mots justes pour décrire le professionnel qu’il a été – et qu’il restera à jamais dans mes souvenirs. Hier encore, nous enterrions Ibrahim Ngila. Une journée très triste et bien chargée en émotions, en émotions fortes.  
Hier, j’ai appris quelque chose d’important : je ne connaissais pas bien Ibrahim Ngila, je ne connaissais qu’une portion infime de toute la personne qu’il était. Je connaissais Ibrahim le magnifique Collègue, très engagé dans son travail et très professionnel ; déterminé à améliorer la qualité de la vie au travail et la qualité du travail rendu aux bénéficiaires de l’aide humanitaire. Je connaissais Ibrahim le passionné par ses études, celui qui publiait des ouvrages, celui très intéressé par la cause des personnes à mobilité réduite. Je connaissais Ibrahim le coach au travail, celui qui m’avait tant encouragé à intégrer son département comme Point focal Sauvegarde. Je connaissais Ibrahim, le perfectionniste et l’amoureux du travail bien fait. Mais hier, j’ai découvert une multitude de facettes d’Ibrahim que j’aurais aimé découvrir de son vivant…mais hélas ! Sans avoir de regret pour toutes ces facettes de lui que je n’ai pas eu la chance de connaître, je me réjouis et je rends grâce pour tous les souvenirs que j’ai de lui, que je garderai toujours de lui.  


Ibrahim était est un génie, un enseignant hors pair, un véritable artiste musicien et comédien. Depuis environ deux années et demie, je n’ai pas le souvenir d’avoir un jour manqué Ibrahim au bureau. En écoutant les témoignages de tout ce qu’il a pu accomplir pendant le temps passé en dehors du bureau, j’ai presque envie de dire qu’il avait un double. Quand est-ce qu’il chantait, tournait des clips, écrivait des articles, rédigeait sa thèse, enseignait, s’occupait de son épouse, de ses enfants tout en restant impeccable dans son travail ? Allez-y réaliser avec moi que nous tenions là un génie, un véritable savant dont les subtilités de la gestion efficace et efficiente du temps n’était pas inconnue !   
De plus, je n’ai pas souvenir d’avoir vu un jour un Ibrahim « pressé », s’empressant de terminer une tâche car il devait faire autre chose ailleurs, plus tard dans la journée : c’était une personne assurément très bien organisée. Il y’a de quoi s’inspirer vous conviendriez !   
La mort prématurée d’Ibrahim laisse un goût amer dans ma vie. Elle me fait réaliser l’évidence que la vie sur terre est vraiment éphémère. De sa mort, j’ai pu tirer 3 leçons principales :  
La première leçon : la vie ne nous appartient pas, faisons-en bonne usage  
Ibrahim est mort à 36 ans. Mais il avait déjà accompli plus de choses que nombreux n’accompliront jamais à 70 ou à 90 ans. C’est à croire qu’il savait déjà qu’il ne vivrait pas trop longtemps. En si peu de temps, il a étudié, travaillé, aimé, élever ses enfants, coacher, mentorer, inspiré, prêché… et que sais-je encore ? Je croyais même qu’il pouvait avoir un peu plus de 40 ans ! Sa vie est une preuve suffisante que nous pouvons faire beaucoup de bonnes choses avec de la bonne volonté, en peu de temps. Que nous pouvons toucher des cœurs, accomplir nos rêves et inspirer le monde.  
La deuxième leçon : le courage et la foi, même dans la douleur  
Ibrahim a enduré des souffrances atroces pendant la dernière phase de sa maladie. Pourtant, il n’avait jamais baissé les bras. Il a toujours su garder la foi, même quand tout son corps lui disait le contraire. Il a fait ce que nombreux n’oseraient même imaginer : aller jusqu’à défendre sa thèse en étant déjà très malade. Il avait de l’avance sur son temps ! Il a fait preuve d’un courage extraordinaire et d’une foi inébranlable : Dieu l’a récompensé ! Ibrahim est allé au bout de son rêve en étant dans une guerre atroce contre la douleur et la maladie : qu’est-ce qui nous empêche, toi et moi, à faire autant, à nous inspirer de lui, à regarder encore nos ambitions, à les réveiller, à tout mettre en œuvre pour atteindre nos rêves tout en restant des parents aimants, des amis fidèles et des professionnels impeccables ? Ibrahim l’a fait, et nous pouvons le faire aussi.  
La troisième leçon : profiter de la vie, de ses proches, de ses amis, de sa famille : le temps est compté  
La mort d’Ibrahim est un rappel et un signal fort d’alerte. Nous ne sommes pas éternels sur cette terre. Nous devons profiter de chaque moment que Dieu nous offre sur cette terre de passage en faisant du bien aux autres, à nous faisant du bien à nous-même. Car ce qui rester en fin de compte, c’est le souvenir de la personne que nous avons été avec les autres ; c’est ce que nous avons donné, la manière dont nous avons inspiré, et tout ce que nous aurons accompli. Il nous faut arrêter de procrastiner : tout se joue ici et maintenant.

Victor Hugo a écrit ceci : « ceux que nous avons aimés et que nous avons perdus ne sont plus là où ils étaient, mais ils sont partout où nous sommes ».  
Ibrahim ne sera plus jamais visible dans nos réunions matinales au bureau de Goma, il ne viendra plus partager sa confidence dans mon bureau, je n’irai plus demander conseil dans le sien. Nous n’entendrons plus sa voix, son rire et ses rappels à l’ordre. Nous ne lui tiendrons plus jamais la main… Il ne participera plus à nos matchs lors des « team building » et nous y fera plus d’enseignements à travers les sketchs dont lui seul avait le secret. Ibrahim ne connaîtra plus la chaleur de son foyer auprès de son épouse et de ses enfants. Il ne chantera plus à l’église, n’enseignera plus, ne coachera plus… Mais, il restera toujours avec nous, dans un coin en or au fond de nos cœurs.   
Quand je penserai à lui, j’ai décidé de sourire, car c’est cela le souvenir que je garde de lui : une personne chaleureuse, une magnifique et inspirante compagnie.  
Tu n’es pas mort, cher Ibrahim Ngila. Tu resteras éternellement vivant dans mon cœur, et dans celui de toutes les personnes qui t’ont aimé dans ton humilité légendaire et pour toute l’inspiration que tu continueras de semer dans nos vies.  
Vas en paix, mon ami. Repose-toi cher Collègue. Tu as terminé ta mission, ici. Et nous, nous devons finir la nôtre pour que nous puissions nous retrouver plus tard dans la lumière de l’infini.

Fabregas W. Malik. - 11 juin 2025  
 

Fabregas W. Malik

Vivre sa vie, c’est vivre ses rêves !