• 16 Sep, 2024

Nisaidiye, le cri profond ...

Nisaidiye, le cri profond ...

Actuellement, les crises se sont intensifiées dans le monde que beaucoup de gens ont perdu leurs moyens de subsistance. Les demandes de l'aide sont nombreuses et malheureusement, il ne s'agit pas d'être riche ou pauvre, il s'agit de SURVIVRE. Puisque ceux que l'on considérait pauvres dans une situation stable avaient des moyens de VIVRE, aujourd'hui, ils ont tout perdu, ils luttent dans le vide !

Nisadiye, c’est le cri que j’ai entendu dans une forte pluie juste quand je venais d’entrer dans la circulation. J’ai senti un vent glacé me traverser les os, c’était la voix d’un enfant, il était tard la nuit, il pleuvait abondamment et il y avait un bouchon terrible.  
Mes mains crispées sur le volant, dans ce noir brisé par les phares de véhicules et les éclairs de foudre, je ne m’empêchais pas de me demander qui était cet enfant, qu’est ce qu’il faisait à cette heure dehors, dans quel problème était-il et de quelle aide avait-il vraiment besoin. Et sans me rendre compte, je me suis surprise à essuyer quelques gouttes de larmes qui coulaient sur mes joues, je pensais à mes propres enfants, à ma propre enfance, à ce que signifiait pour moi : aidez-moi !  


Nisaidiye, c’était un seul cri, et puis silence, silence brisé par des klaxons et des sons de foudre. Nisaidiye n’arrêtait pas de resonner dans ma tête et je me suis sentie coupable toute la nuit. C’était tellement intense que pour laver ma culpabilité, j’ai commencé à me demander si j’étais la seule à avoir entendu cet enfant, et soudain, une tonne de questions a commencé à mijoter au fond de moi sans que je ne puisse vraiment les contrôler :  
Pourquoi les autres ne se soucient pas ? pourquoi ont-ils l’air tranquille après avoir écouté ça ? Pourquoi ça me préoccupe autant ? Est-ce mon problème ? Et d’ailleurs, qu’est-ce que je peux faire ? La circulation est intense et toute cette pluie, et puis il fait tout noir …  
Toutes ces questions visaient à m’aider à trouver des bonnes explications et plus important de me sentir mieux malheureusement à force de mijoter dans ma tête, elles sont allées plus loin que je me suis retrouvée en face des questions comme : et si j’étais la seule à avoir entendu cette voix ? Et si j’étais seule à qui la demande était destinée ? Et si c’était mon devoir de l’assister en ces moments ? Parce qu’après tout pourquoi ça devrait m’inquiéter autant ? Trop tard, j’étais déjà loin, presque chez moi.  
Ce qui m’a amené à ceci, nous avons plusieurs fois entendu les cris de secours, nous avons vécu plusieurs expériences entre autres ceux qui se sont caché derrière les SOS pour manipuler et vivre une vie d’oisiveté, ceux qui ont été ingrats, ceux qui ont fait semblant pour nous atteindre, ceux qui ont profité de notre bon cœur pour nous manipuler… Nous avons même reçu des témoignages d’expériences assez fâcheuses dans ce sens, que nous avons endurci notre cœur.  


Je sais, qui est à l’abri ? Certains feignent une vulnérabilité qui n’existe pas pour accéder à ce dont ils ont besoin mais certains aussi ont atteint le bout, certains n’ont plus d’autres choix, certains ont vraiment besoin de l’aide. Mais comment savoir ? Chaque fois qu’un SOS nous tombe dessus, nous nous mettons à réfléchir et à calculer la probabilité que cela soit vrai ou faux, parfois nous n’avons même pas le temps de considérer la question. Surtout quand on vit dans un milieu comme le mien, avec des cycles de crises humanitaires qui apportent toutes sortes de vulnérabilités : déplacés, enfants séparés, enfants de la rue, orphelins, veufs, vieillards, malades sans assistance, etc.  
A force de vivre dans un contexte fragile, on perd notre cœur humain et on regarde la misère autour de nous sans remords, nous réjouissant de ce que nous pouvons avoir sans nous soucier des autres autour de nous. Nous avons tellement vu des misères que notre sens humain s’est endurci.  
S’il nous ait dit : « Aidons les déplacés »  
La réponse spontanée qui tombe est : « on va aider qui et laisser qui ? Et d’ailleurs, qu’est-ce que mon aide va changer à leur situation ? ça ne va pas les ramener chez eux et ça n’empêchera pas qu’ils ne quémandent encore demain. C’est comme une goutte d’eau dans l’océan. »  
Oui, peut-être, mais cette goutte dans l’océan leur permettra de tenir un jour, cette goutte dans l’océan leur redonnera espoir, cette goutte dans l’océan leur permettra d’y croire encore, de lutter, d’espérer… Qu’est ce qui est si magnifique ? Même si on ne vise pas à changer complétement leurs vies, on leur permet de tenir encore, tenir un peu, d’être positif et les jours passent, leurs misères en sont un peu réduites.  
Si je fais pareil, quelqu’un d’autre fait pareil demain et ainsi de suite, ce petit geste que nous considérons comme une goutte dans l’océan sauve une vie, cette goutte dans l’océan permet à une famille d’avoir un repas ce jour-là, cette goutte dans l’océan permet à un enfant de sourire, cette goutte dans l’océan permet à une mère de ne pas être triste, cette goutte dans l’océan prévient un suicide, cette goutte dans l’océan change quelque chose. Cette goutte dans l’océan fait des miracles, cette goutte dans l’océan, c’est quelque chose.  
Je pense que c’est de cette façon qu’il faut apprécier la situation pour tous nous engager à faire le bien à la mesure de nos moyens, à aider les autres avec le peu que nous avons.   


Nisaidiye     
Cet appel qui nous est lancé tous les jours et que nous considérons comme la responsabilité des autres : des églises, des organisations, du gouvernement, des personnes plus riches que nous.  


Nisaidiye  
Cette phrase qu’on entend si souvent dans la rue, cette phrase qu’on a fini par banaliser à force de l’entendre, cette petite phrase… peut être la dernière recherche d’espoir de quelqu’un, la dernière issue.   
Nisaidie, en français « aidez-moi »,  
C’est un SOS. Ça évoque à la fois l’état de vulnérabilité dans lequel serait la personne et sa lutte d'y sortir, son de désespoir, cri d’impuissance, appel au secours.  


Nisaidiye,      
Nous ne devrions pas restés indifférents à cette phrase, c’est parfois un enfant, une personne vivant avec handicap, une personne à besoins spécifiques, un malade, une personne apparemment bien mais se trouvant dans une situation difficile, etc.  


Nisaidiye,      
De fois ça sort de la bouche d’une personne de belle apparence, qui donne l’impression de ne manquer de rien. Notre première réaction : jugement, condamnation, injures, humiliation, mépris.  


Nisaidiye,     
De fois ça vient des mêmes personnes, tous les jours, que nous finissons par normaliser leurs malheurs, nous oublions que nous sommes tous égaux, nous ne sommes pas mieux qu’eux, nous avons juste bénéficié d’un petit privilège, de pouvoir marcher avec nos deux pieds, d’avoir deux bras, d’avoir un travail, d’avoir une affaire qui marche bien, UN PETIT PRIVILEGE ; pour le reste, nous avons le même sang, nous vivons du même oxygène et nous avons les mêmes besoins fondamentaux.   


Nisaidiye,      
De fois aussi, ça vient de nos ennemis, des personnes qui nous ont tellement offensés que nous pensons qu’ils ne sont pas dignes de notre aide. Parfois, ça vient des personnes qui nous ont trahis, des personnes qui nous ont fait beaucoup de mal. Sans réfléchir, nous tuons notre compassion et nous proclamons que c’est le karma. Avons-nous le temps de réfléchir à combien de maux avons-nous causé chez les autres ? Prenons-nous le temps de regarder les défauts qu’il y a en nous pour supporter et pardonner les autres ? Ou nous croyons-nous si parfaits pour ne voir que le côté négatif chez les gens.  
Le pardon est une reconnaissance de nos imperfections et une expression de notre compréhension à l’égard des autres. Les défauts ne devraient jamais arrêter la manifestation de notre compassion.  


Nisaidiye est un grand appel à l’aide.   
Même si dans certaines circonstances, nous pensons que c’est une forme de manipulation, il n’est pas facile de demander de l’aide. On a toujours dit que la main qui donne est au-dessus de la main qui reçoit, demander de l’aide met automatiquement dans une position de faiblesse, il est difficile de savoir quelle sera la réaction de la personne à qui on s’adresse, mais on ose quand même. Pour moi, c’est un signe du courage, du dernier courage.   
Je sais que l’ingratitude peut faire mal, je sais que vivre dans un environnement d’atrocités peut affecter notre humanisme, mais s’il vous plait ne laissez pas les phénomènes extérieurs affecter votre sensibilité en tant qu’humain, continuez à être un rayon de soleil sur votre chemin, pour éclairer tous ceux qui vous croisent. Soyez cette marque indélébile qui laisse des bonnes traces dans les cœurs des gens. Soyez un homme, soyez humain.    

 

Photo de Rockemann Team  
 

Brianca O. BUHORO

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