8 mars 2025, je dédie ces mots à toutes les femmes : "Nous devons construire les choses que nous voulons voir se réaliser, dans la vie et dans notre pays, sur la base de nos expériences personnelles, afin de nous assurer que d’autres n’auront pas à souffrir de la même discrimination" - Patsy Mink (première femme de couleur élue à la Chambre des représentants des États-Unis).
Aucune lutte ne peut aboutir sans la participation des femmes aux côtés des hommes. Il y a deux pouvoirs dans le monde : l’un est l’épée et l’autre la plume. Il existe un troisième pouvoir plus fort que les deux, celui des femmes.
@ Malala Yousafzai : activiste pakistanaise et lauréate du prix Nobel de la paix
8 mars
Ce matin, je me réveille en sachant que c’est le 8 mars, rien de plus. J’attrape mon ordinateur pour relire certains de mes textes, et voilà que mon téléphone sonne. Sur l’écran apparaît le nom de l’enseignante de mon fils, qui me souhaite une bonne Journée de la femme.
Un jour, ma plus jeune sœur m’a demandé : « Pourquoi le 8 mars est-il appelé Journée de la femme ? » J’étais choquée. Je me souviens qu’autrefois, le 8 mars n’était pas qu’un simple défilé ou une célébration ; c’était aussi une journée de réflexion. Chaque année, au-delà d’être une journée fériée à l’école, nous nous réunissions pour explorer l’évolution de la condition de la femme jusqu’à la naissance de ce jour si particulier. Ce qui m’a choquée, ce n’était pas la question elle-même, mais qu’à 15 ans, ma sœur réduise le 8 mars à un simple défilé frivole.
Aujourd’hui encore, j’aimerais dire à ces jeunes, comme ma sœur, qui considèrent le 8 mars comme une journée dédiée aux pagnes, aux festivités et à la légèreté : non, le 8 mars est avant tout une lutte. Ce jour est le fruit de la bravoure, de l’audace, du sacrifice et du courage de certaines femmes. Bien que ses origines remontent au XXe siècle, le 8 mars a su transcender les frontières géographiques, le temps et les révolutions. Il s’est imposé parce que des femmes ont osé, lutté, réfléchi, et dit non.
Le 8 mars, désormais connu comme la « Journée internationale des droits des femmes », ne sert pas à célébrer uniquement les rôles sociaux de la femme – mère, sœur, grand-mère, épouse – comme cela est souvent mis en avant dans nos communautés. Il offre une occasion de pause et de réflexion ; une opportunité de repenser les discriminations, les inégalités et les violences que subissent les femmes au quotidien. L’objectif n’est pas de se plaindre, mais plutôt d’envisager des solutions, d’identifier ce qui doit être fait, qui doit s’impliquer et comment.
Le 8 mars concerne toutes les femmes, quelles qu’elles soient : qu’il s’agisse de femmes issues d’organisations internationales, d’associations, du monde politique, ou encore de femmes dans leurs situations quotidiennes. L’objectif est d’améliorer la condition de chaque femme tout en reconnaissant le chemin parcouru. Certes, la lutte est loin d’être terminée, mais nous devons également valoriser les progrès accomplis. Par exemple, je suis fière lorsque je vois des parents investir dans l’éducation des filles au même titre que celle des garçons. Cela n’a pas toujours été le cas. À une époque, je réalisais des spots et des émissions pour sensibiliser les parents à valoriser l’éducation des filles autant que celle des garçons. Aujourd’hui, certaines choses semblent normales, mais elles sont le fruit de luttes et de sensibilisations, et ce travail doit continuer pour réduire les déséquilibres persistants.
De nos jours, nous ne remettons même plus en question le droit de vote des femmes. Lors des élections, hommes et femmes participent activement. Mais cela n’a pas toujours été le cas, et ce n’est toujours pas une réalité dans certains pays. Par exemple, au Pakistan, bien que la Constitution garantisse le droit de vote à tous les citoyens, en 2024, de nombreuses femmes ont été privées de ce droit par les hommes de leur entourage (pères, maris, frères, fils…). Tant que des traditions, coutumes et croyances freineront l’épanouissement des femmes, la lutte pour un monde équitable restera nécessaire.
Le 8 mars est aussi un moment pour puiser dans le courage de celles qui ont milité pour les droits dont nous jouissons aujourd’hui. Ces combats doivent nous inspirer à continuer et à tracer notre propre chemin, malgré les obstacles.
Évolution historique – en parler ?
La Journée internationale des droits des femmes trouve ses origines dans une manifestation pour le droit de vote organisée par le Comité national de la femme du Parti socialiste américain, le dernier dimanche de février 1909. Connue sous le nom de Woman’s Day, cette manifestation est devenue une activité officielle célébrée jusqu’en 1914.
En 1910, lors de la deuxième Conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, Clara Zetkin, présidente du Secrétariat international des femmes socialistes, propose l’instauration d’une journée annuelle pour promouvoir le droit de vote des femmes. Cela fut approuvé par les délégués de 17 pays.
Après cette résolution, la Journée internationale des femmes est célébrée pour la première fois le 19 mars 1911 en Allemagne, en Autriche, au Danemark et en Suisse, avec plus d’un million de participants. En 1913 et 1914, des rassemblements pour protester contre la guerre et soutenir d’autres femmes se tiennent en Europe et en Russie. En 1917, les femmes russes réclament le retour de leurs maris de la guerre. Enfin, en 1921, en guise de commémoration, Lénine consacre le 8 mars comme Journée des femmes.
Le Québec rejoint ce mouvement en 1971, et en 1977, l’ONU invite tous les pays à consacrer une journée aux droits des femmes et à la paix internationale.
Entre ces dates, des mouvements émergent partout : en 1945, les femmes votent pour la première fois en France ; en 1920, des médecins égyptiens dénoncent pour la première fois les mutilations génitales féminines. Bref, plusieurs avancées ont été accomplies, même si elles n’ont parfois pas bénéficié de la reconnaissance qu’elles méritaient. Nous en sommes tous témoins.
Reconnaître les efforts et poursuivre la lutte
Le 8 mars n’est pas une journée vaine. Ces luttes, honorées et reconnues, servent d’inspiration. Rien n’est acquis ; la bataille continue.
Et quand il nous arrive d’avoir peur, de nous décourager ou de penser à laisser les choses telles qu’elles sont, nous nous rappelons les luttes menées par d’autres pour que nous ayons le droit d’aller à l’école, de travailler, de voter… Les autres femmes méritent également de bénéficier de ces avancées et plus encore. Il reste encore des pratiques liées à nos traditions et croyances qui continuent d’étouffer notre épanouissement en tant que femmes. En reconnaissant les efforts déjà accomplis, nous nous encourageons à les poursuivre, hommes comme femmes, et à initier de nouvelles actions pour améliorer les relations entre les sexes et la condition de la femme dans le monde.
Aujourd’hui, le thème est : « Pour TOUTES les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation. ». En République démocratique du Congo, le thème retenu cette année est : « La Congolaise au centre de toutes les ambitions. ».
Des bons thèmes, qui me laissent penser aux femmes dans différents contextes. Je pense surtout aux régions ravagées par la guerre et à tout ce que les femmes y endurent. Dans ces contextes de crise, les inégalités et les discriminations empirent, bien que ces violations soient souvent passées sous silence. À l’est de la RDC, par exemple, depuis plus de 30 ans, la région est ravagée par la guerre, avec des violences basées sur le genre et des violences sexuelles de plus en plus accentuées, empêchant les femmes de s’épanouir et les jeunes filles d’avoir un parcours de vie normal qui leur permettrait de se développer. Ce contexte crée de nouvelles inégalités : les femmes sont privées de ressources et d’éducation, maintenues dans un environnement marqué par l’humiliation et la dépendance pour leur survie. Parfois, cette dépendance s’exerce même envers leurs bourreaux. Bien que des politiques de protection des femmes existent, elles restent inefficaces en situation de conflit, où la loi du plus fort prédomine.
Il faut vivre dans une zone de conflit pour comprendre combien les femmes souffrent. L’effondrement de l’état de droit, la prolifération des armes, la détérioration des structures sociales et familiales, ainsi que la « banalisation » de la violence, viennent renforcer les discriminations existantes, la femme devient de plus en plus vulnérable.
Que dire ? Dans un tel contexte, les femmes doivent être résilientes, et c’est ce que je souhaite à toutes les femmes du monde qui font face à la guerre. Parfois, la seule lutte est de survivre aujourd’hui pour pouvoir mener des luttes plus importantes demain. Je ne nous demande pas de nous taire ; je nous demande de nous protéger et de ne jamais oublier cette vérité : les femmes ont des droits et ne méritent pas d’être les premières victimes des conflits armés. Se mettre à l’abri permet aussi d’agir pour les générations futures, afin de transformer les violences dont nous avons été témoins en quelque chose de valeur, de positif : le changement. Cette vérité, que nous devons transmettre à nos enfants, est que chaque changement commence par notre manière de penser. Nous devons être actrices de nos droits, dire non aux violations et créer un environnement favorable pour les autres femmes. Nous devons être solidaires et nous soutenir.
Femme, tu n’es pas seulement mère, sœur ou épouse. Tu es aussi tes rêves, tes projets, ta joie, ton épanouissement et tes aspirations. Ce 8 mars est un rappel à être audacieuses, à refuser les préjugés, à valoriser nos compétences et à croire en nous et en nos ambitions.
Femme, victime des conflits armés, tu n’es pas définie par ce que tu subis aujourd’hui. Ne laisse pas la guerre te définir. Les violences, la misère, la faim, les grossesses précoces, les mariages forcés, etc., ne te définissent pas. Tu es bien plus que cela. Tu as de la valeur et tu peux encore devenir la personne que tu souhaites être. Fixe-toi un objectif et accorde-toi du temps.
Pour que les femmes y parviennent, nous devons nous soutenir mutuellement, apprendre les unes des autres, découvrir qui nous sommes et nous accompagner vers les meilleures versions de nous-mêmes. J’ai vu dans les camps de déplacés des femmes se réunir en petits groupes pour apprendre des métiers, partager leurs problèmes individuels et se soutenir émotionnellement. Je les ai vues trouver des solutions aux violences conjugales qu’elles subissaient et faire face à la misère causée par la guerre. Je les ai vues petit à petit développer de petites activités génératrices de revenus et cesser de mendier. Ce n’est pas encore idéal, mais c’est un début. J’ai été profondément touchée et je me suis dit que nous, femmes, avons le pouvoir de transformer notre situation, en commençant par là où nous sommes et en utilisant le petit pouvoir que nous avons.
En ce jour, j’invite chaque femme à soutenir l’autre. Que, malgré les obstacles et un avenir incertain, nous puissions nous transmettre mutuellement de nouvelles idées, compétences et opportunités, et surtout nous soutenir alors que nous grandissons ensemble vers un monde égalitaire et notre autonomisation.
Femme, la lutte continue, et elle en vaut la peine, pour cette génération et celles à venir.
Quel est votre plus grand rêve ? Qu'est-ce que vous pourriez accomplir qui vous rendrait si fier ? Chacun de nous a un rêve ; certains l'appellent "projet", "ambition", "plan", etc. Nous avons tous quelque chose qui nous tient à cœur, du moins je l'espère. Mon livre, qui sort bientôt, fait partie de ces choses qui me tiennent à cœur.....
En République Démocratique du Congo, il existe plusieurs raisons pour lesquelles les personnes embrassent le domaine d’entreprenariat. Cependant, quand on est femme, il n’y a que trois raisons possibles : le chômage, la passion et/ou l’obéissance aux caprices d’un mari qui ne veut pas voir sa femme travailler ailleurs.
La femme talentueuse s'appelle Nicole Ngabo, elle n’a que 23 ans (née le 29 décembre 2000) pourtant elle voyage de pays en pays grâce à son talent en musique.