L’heure sonne où l’aurore nous communique la peur à la place de l’espoir. Chacun de nous cherche à gérer son obscurité !
Sobriété mélancolique mais aussi rétrécie, qui sauver, qui garder ?
Chaque ombre nous jette dans l’hallucination et amplifie notre horreur. Les heures avancent au rythme des coups de balles et rebondissent au son des bombes booooouuuum. On se croirait dans du déjà-vu alors que plusieurs vies s’arrêtent, bizarrement !
Les rues dévastées mais aussi remplies, on ne sait pas à qui se confier. Jusqu’ici, on est fier de ce que nous sommes mais sans force face à cette peur qui envahit Goma en ces instants ! Ce n’est pas intéressant. Tête haute mais aussi les genoux fléchis, une façon d’exprimer notre demande de rédemption à l’être suprême, ce qui reste notre seule option : la prière. Cette peur communique la différence sociale là où les privilégiés ont quitté la ville à la recherche d’un abri sûr et les autres abandonnés à leur triste sort sans porte de sortie ! Cœurs à cœurs, sans courant, sans abri pour les autres, sans nourriture, sans secours. On garde notre sang-froid, il fait froid chez nous ! Goma sous un autre paramètre ! Nous nous réfugions dans notre propre culpabilité sans tenir compte de ce qui doit être.
L’ampleur de la peur monte au fur et à mesure que notre foi se dissipe ! Chaque soir qui approche, c’est une nouvelle rechute vers l’anxiété ! Tenant compte des anciennes victoires, nous restons confiants aux nouveaux encouragements. Mais maintenant, changeons cette peur par une force intérieure inébranlable capable de nous motiver jusqu’à croire en ce Dieu irréversible, invincible qui peut tout en tout et pour tout ! La foi active !
L’odeur de la mort s’intensifie. Les rues font peur, les silences inventent des films dans le cadre du va-et-vient, on n’y peut rien ! Wesh On rit et on pleure, des fois il pleut, un soleil timide s’invite et se cache. On n’est pas capable de cacher notre amour intense pour notre ville, sinon on serait bien coupables. Cette situation aussi passera, dit-on ! On baisse le ton au calme et se lance au carême.
Toi, peur, nos pères t’ont vaincue, nous te vaincrons aussi. Sinon, on sait déjà vivre avec toi, chacun sous son toit t’évite ! Rien n’est nouveau sur terre et rien n’est éternel.
Je peins ce tableau en écriture de peur que mon cœur sombre dans la peur car après chaque ténèbre, il y a une lumière qui s’invite et le nouveau jour prend place. Poings levés, genoux par terre, disant qu’en toute chose c’est Dieu qui gagne… TOUJOURS ! Que ces mimiques de mon âme t’encouragent où que tu sois, ici ou ailleurs en me lisant.
Keith Sam Papa Ours.
