Ce matin du 23 janvier 2025, les radios locales confirment la p la progression des groupes rebelles.
Ils prennent la cité de Sake et quelques villages environnants, à près de 18 km de la ville de Goma. L’agitation est palpable.
Dans la matinée, des parents se précipitent pour récupérer leurs enfants à l’école… Les enfants confus de quitter l’école à une heure inhabituelle posent des questions. Les parents n’ont pas forcément des réponses aux questions des enfants. Mon fils de 4 ans : « maman c’est la guerre », moi : « oui », mon fils de 4 ans : « ce sont des bandits. Vont-ils nous tuer ? », moi : « non, je vais te protéger. » Mais en réalité que puis-je faire face à une arme ?
Pendant ce temps, la panique s’installe dans la ville de Goma. Les mouvements de la population s’intensifient. Des familles voient leurs proches arriver et doivent s’accommoder. Pour ceux qui n’ont pas de famille, Dieu seul sait comment ils s’en sortent. On estime qu’environ 600 000 personnes se sont retrouvées déplacées autour de Goma aussi bien à l’ouest qu’au nord, reparties dans plusieurs camps (OCHA)
Les guerres sont une voie directe vers la déshumanisation. Pour ceux qui n’ont pas encore vu ou vécu cela, voici ce qu’endure un déplacé : Lorsqu’il perd sa maison, son travail et son statut social, d’emblée il perd son identité. Il n’a quasi pas de nourriture adéquate, pas d’eau potable ni de soins médicaux. Les conditions deviennent infernales (enfer, très difficiles).
Après avoir vécu des expériences de guerre traumatisantes comme des blessures graves, la perte des proches, la destruction incontrôlée, les viols et la violence ; il est traumatisé et vit avec des troubles psychologiques. La question qui tourne souvent dans la tête d'un déplacé est : « quel est le sens de ma vie ? pourquoi suis-je né si ce n’est pour ne pas vivre ou pour cesser de vivre ? ».
Ces réalités poignantes montrent à quel point la guerre peut briser non seulement des corps mais aussi des esprits et des âmes. Des rêves, des espoirs, des projets ….
Photo crédit : Tomas Sanimbo